Alceste mène l’enquête

Looking for Alceste

Allemande-72

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« Trop de perversité règne au siècle où nous sommes / Et je veux me tirer du commerce des hommes », nous confiait déjà en 1666 Molière dans « Le Misanthrope ». Quatre siècles plus tard, notre homme moderne émet toujours le même souhait : « Les autres me font tellement chier que j’ai eu envie d’en faire un spectacle. » Ici, Nicolas Bonneau part du postulat extrêmement simple de l’actualité de la pièce de Molière. De là, il s’attaque à l’épineux sujet de l’être au monde. Vaut-il mieux vivre seul ou en groupe ? Comment s’extraire du cercle vicieux du système sans retomber dans l’éternelle quête d’attention humaine ? On connaît la chanson : « L’homme est un loup pour l’homme » ; « Je t’aime, moi non plus… » Fuir, est-ce donc courageux ou est-ce un délit de lâcheté ?

Après un dîner d’anniversaire raté, un homme, la quarantaine, pète les plombs. Cliché de la quarantaine, âge tout rond et de remise en question. Ses potes sont égoïstes, très occupés par leurs nombrils, réacs, etc. Il faut fuir, tout plaquer, et surtout changer. Il part donc à la rencontre d’ermites imaginaires et se heurte à leurs contradictions. Attention à ne pas se méprendre, il a du flair, de l’humour et de l’autodérision. Avec un petit quelque chose de baroque, une violoncelliste et une chanteuse de caractère accompagnent ses diatribes. Le plateau est sobre : un divan orange pour Alceste et un cadre pour les musiciennes. Les lumières efficaces. Voilà une variation qui a du chien. Moralité : ne serions-nous finalement tous pas des Alcestes en puissance ? « Installés confortablement dans vos bulles, allez-vous réellement finir par vous rencontrer ? » lance-t-il à la salle.