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UK, how are you? - I/O Gazette
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« Wall » by Oona Doherty. Photo: Manuel Vason

La National Youth Dance Company, une compagnie londonienne composée de 32 danseurs âgés de 16 à 25 ans, présentait au Sadler’s Wells sa dernière création « Wall » sous la direction artistique de la chorégraphe irlandaise Oona Doherty. Cette dernière prend son sujet au sérieux et place les thèmes de la « nation » et de la « jeunesse » au cœur de l’œuvre, explorant l’identité nationale britannique à travers les perspectives de jeunes danseurs venus de tout le pays.

Le spectacle débute avec quatre groupes de jeunes danseurs en tenue de ville, répartis sur la scène, évoquant les quatre nations du Royaume-Uni. Ces groupes se soudent, se déchirent, forment des groupes d’amis, des foules, des équipes, des armées, où se distinguent des individus qui se dressent, tombent, se relèvent, s’entraident ou non. La pièce nous invite à une réflexion sur ce que signifie être Britannique aujourd’hui, particulièrement pour cette jeune génération.

“Your country needs you to play football”. En fond de scène, un long écran panoramique diffuse les sous-titres de la bande sonore qui accompagne tout le spectacle. Il s’agit de segments personnels, où les voix des familles et des amis des danseurs se mêlent à la musique, montés par Luca Truffarelli et Mark Leckey. “All for one and one for all”. Cette dimension de théâtre documentaire, présente dans de nombreuses créations de la chorégraphe, confère à « Wall » une densité singulière à la fois collective et intime, faisant exister les danseurs et donnant au spectacle une dimension politique, dont les plateaux ont de plus en plus besoin.

La pièce transcende la simple performance de danse, devenant un voyage introspectif pour les danseurs comme pour le public, questionnant leur rapport à l’identité et à l’histoire du pays. On y voit ces jeunes gens tenter de se situer dans un pays autrefois impérial, aujourd’hui en pleine déconstruction de son passé colonial, cherchant fébrilement une unité à travers des éléments de sa culture comme le sport, la bière et la musique pour imaginer un avenir commun. Une section particulièrement marquante montre les danseurs tombant de côté inlassablement, le claquement de leurs corps sur le plateau évoquant la chute d’une certaine idée du pays, la chute des certitudes, la chute d’idéologies, la chute de la certitude d’avenir meilleur.

« Wall » est une célébration de la jeunesse, de la diversité et de la résilience. Oona Doherty a créé une œuvre qui aborde frontalement les questions politiques et identitaires de manière nécessaire. Dans le contexte politique européen actuel, voir un danseur en aider un autre à se relever semble radical. Cependant, ce qui persiste de la pièce, c’est davantage le texte et les interviews que le mouvement, lequel reste finalement assez discipliné, très « danse contemporaine ». On n’a pas le sentiment de voir des corps véritablement nouveaux ou radicaux, ni des manières de bouger innovantes, ni une énergie vitale débordante ou chaotique, cette approche du corps pour laquelle on aime le travail de Oona depuis « Hope Hunt ». Comment la jeunesse britannique bouge-t-elle vraiment ?

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