© Pascal Gely / Hans Lucas

Nouvel opus des « Fire of Emotions », créé à l’Arsenic l’année dernière, « Niagara 3000 » est un conférence performative au débit ravageur collant parfaitement à son titre : torrent de mots sur les dérèglements de notre rapport au monde et à la nature, qui coche toutes les cases des causes progressistes. Sa forme accélérée et à bout de souffle traduit avec justesse la saturation des enjeux individuels et collectifs qui secouent nos consciences, de l’extractivisme capitaliste des « zones de sacrifice » – régions détruites au profit du profit – au racisme systémique de nos États modernes en passant par la violence invisibilisée du validisme et la résurgence du nucléaire. A l’assénement dogmatique, Pamina de Coulon préfère s’appuyer sur une énumération de références livresques – distribuée à la fin du spectacle – à partir desquelles chacun.e pourra se faire son propre avis. Car si elle porte une confiance presque naïve dans la parole, elle assume tout autant une confiance rafraîchissante dans l’intelligence de son spectateur. A commencer dans sa capacité à extraire de ses propos décousus de quoi alimenter son petit manuel de défense intellectuelle et citoyenne. Mais, faisant fuir à coup sûr les antiwokes patentés, son discours ne se contente-t-il pas de prêcher les convaincus ? A défaut d’idées vraiment nouvelles, « Niagara 3000 » propose un constat commun à partir duquel conforter la déconstruction de nos fictions les plus douteuses et construire un imaginaire alternatif : non pas le grand club de l’humanité productiviste et contente d’elle-même, mais un « club des rustiques » qui retournerait à l’essentiel.

Spectacle présenté dans le cadre de la Sélection Suisse.