© Dennis Mader

Dans son étymologie néerlandaise, la kermesse désigne une messe festive. Toute l’ambivalence de ce temps d’écolier.e est contenu dans cette formule oxymorique : la kermesse est primaire et sacrée, spontanée et cadrée ; elle est un rite de passage informel entre la petite chenille et l’imperceptible papillon. Et si le spectacle de La Cabale tient ontologiquement de la kermesse, ce n’est pas seulement parce qu’il accole sans façon ses sketches d’école amusés d’eux-mêmes et que sa forme tient alors de la galerie de stands théâtraux plus ou moins attractifs – d’un jouissif concours de bébé talentueux à un repas de famille grossièrement sociologique, qui chamboule toute la fantaisie. C’est aussi parce que le spectacle lui-même relève autant de la fête que du rituel : il est aussi imprévisible que prévisible, aussi instinctif que prédictif dans sa tension constante vers un grand événement annoncé dès le départ. Cette fameuse chenille dont les premières minutes arrivent plutôt bien à questionner la survenue, mais dont la tenue effective – avec fanfare – semble comme plaquée après bien des saynètes souvent superficielles qui ont déployé, avec plus d’arbitraire que de sens du rebond, les sens propres et figurés de l’animal métamorphique. La chenille semble finalement imposée et constitue moins un acte qu’une image autoritaire, faisant même résonner douteusement l’une des injonctions du spectacle : ricaner par-delà toute pensée.