Philippe Durand a collecté, comme un anthropologue ou un cueilleur, les récits de vie des habitants du Larzac. De cette province française, on retient surtout la lutte des années 1970, mais ici il est question des habitants d’aujourd’hui et des choix audacieux qu’ils ont faits. Le spectacle, forme minimaliste assumée, se présente comme une restitution d’entretiens, le texte sur la table comme preuve de la réalité des paroles entendues. Ces femmes et hommes racontent sans fard – mais avec l’accent – leur vie paysanne et surtout le fonctionnement de la société civile des terres du Larzac, modèle foncier unique en son genre, une utopie en ordre de marche qui demande à chacun une implication quotidienne. C’est avec délicatesse que l’acteur passe d’un témoignage à l’autre, sans jamais donner son avis, regard attentif mais en retrait, passeur de parole sans point de vue. Le théâtre documentaire fait florès ces dernières années et Philippe Durand propose un projet sans fioritures, un concentré de parole vraie qui parvient à nos oreilles par le seul truchement de la voix de l’acteur.
