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Co(s)mique - I/O Gazette
La gazette des festivals Théâtre, Danse, Musique, Cinéma, Arts plastiques, Livres, Culture

© Christophe Raynaud de Lage

Ashtar Muallem, sous la direction de Clément Dazin, a choisi de faire de son corps le tabernacle laïque d’une quête facétieuse de sens.

Le travail aurait pu s’enfoncer dans une satire pesante des travers égocentriques de notre temps si deux choses ne lui permettaient d’y échapper : la parfaite maîtrise d’un corps qui déploie toute sa grâce et sa poésie d’un bout à l’autre de la pièce, même lorsque ses impressionnantes contorsions viennent jeter sur les mots prononcés par la comédienne un voile parodique, et le bruit des bombes qui tonnent à quelques encâblures de nos côtes. Le cosmos est un être immense dont toutes les parties fonctionnent en harmonie et sont liées les unes aux autres. Et c’est en prenant son envol loin de cette terre qui nous est étroite que le corps, enfin privé de parole, retrouve l’harmonie primordiale. La dérision est une arme puissante – Ahmed Tobasi, sur ce même plateau, il y a exactement un an, l’avait brillamment démontré avec sa pièce « And Here I Am » – mais sans la poésie, avançant en équilibre sur un fil ténu, elle court en permanence le risque de tomber dans le piège dérisoire qu’elle se tend à elle-même. Ashtar Muallem parvient ainsi à emporter l’adhésion du spectateur dans ces moments aériens qui viennent éclairer d’une lumière radieuse l’ensemble de son travail, nécessaire et juste. Cette quête d’identité est, par sa légèreté même, une invitation à plonger en profondeur pour partir en quête de ce qui nous unit afin que plus jamais nous ne fermions les yeux face aux horreurs que subissent nos frères humains.

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