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« Walking in the Street » : jamais le mot de « prostitution » n’est prononcé. Or, c’est bien ce quotidien-là que le spectacle « Nigerian Drama » donne à voir, sans l’édulcorer aucunement. Au départ, des ateliers d’improvisation réunissant dix femmes nigérianes, dans le cadre d’une association. Devenues d’explosives héroïnes, elles racontent, sous forme de saynètes, la dureté des rapports avec le client, avec la « Madam » (« mac » au féminin), le froid du bois dans lequel on attend, les infections. Leur vitalité de guerrières tente de surmonter la violence, sans jamais l’ignorer. Aucun pathos, beaucoup de dérision, le spectacle trouve sa force dans le fait de ne revendiquer rien d’autre que le droit de chacun à raconter sa propre histoire. Le théâtre se fait retrouvailles avec soi. À la fin, d’une seule voix, elles chantent des paroles qu’on voudrait prophétiques : « Freedom is close these days. »